samedi 7 novembre 2009

Balkanysation des esprits

Il a craqué ! Lors du dernier Conseil municipal, Robert Belliot, le maire de Pornichet, a stigmatisé les divers blogs qui s'intéressent à la commune. Plus fort, il les considère comme des facteurs de violence et fait un nauséeux amalgame entre la liberté d'expression et d'imbéciles dégradations perpétrées en divers lieux de Pornichet.

Mal à l'aise dans la joute oratoire, en difficulté dès que l'opposition lui pose des questions... Robert Belliot excelle par contre dans l'art du monologue. Il en a fait sa marque de fabrique. Surjouant la vierge outragée, le locataire de l'Hôtel de Ville a soumis l'auditoire du dernier Conseil municipal à une déclaration "solennelle" (c'est lui qui le dit...).

Censurons Internet

Revenant sur de regrettables incivilités qui ont émaillé Pornichet le week-end dernier, Robert Belliot n'a pas hésité à faire des blogs citoyens les inspirateurs de ces délits. Il n'a pas craint de déclarer que les dégradations "concordent avec un certain nombre de propos incitant à la haine et à la violence que l'on peut lire de plus en plus sur de nombreux blogs". Il a même eu l'outrecuidance de considérer que les blogs d'opinion "incitent à la haine et à la violence des individus pouvant se croire autorisés à [...] s'en prendre physiquement aux personnes".

Droit dans ses bottes, Sa Suffisance ne supporte visiblement pas les espaces de liberté qui mettent le doigt sur l'incroyable irresponsabilité du maire et de ses acolytes. Il préfère, comme l'a dit le toujours raffiné Bachelier, en fin de Conseil municipal, "la bonne presse" qui se contenterait sans doute de reprendre les bêtifiants communiqués mitraillés quotidiennement par ses attachées de presse. Il condamne par avance les auteurs de blog en indiquant que "dans le cas de faits plus graves (que ces dégradations), la responsabilité des auteurs sera mise en cause". On appelle cela soit une menace, soit du chantage !

Visiblement Robert Belliot préfèrerait museler Internet plutôt que de s'interroger sur ses insuffisances. L'association Reporters Sans Frontières publie régulièrement une liste des "pays ennemis d'Internet". On attend avec impatience, la liste des communes qui rejoindraient ce club très sélect. Robert Belliot pourrait ainsi côtoyer le très démocratique président chinois Hu Jintao, le liberticide Fidel Castro, le très stalinien président nord-coréen, Kim Jung Ill ou l'ultra-fondamentaliste président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Charmantes compagnies n'est-il pas ?

Avant de grimper sur ses ergots de coq de barbarie, le premier édile pornichétin aurait mieux fait de réfléchir un tant soit peu. Il se serait épargné le ridicule d'exprimer en Conseil municipal une position contraire à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, adoptée en 1948 par les Nations Unies. Celle-ci, dans son article 19, stipule que "tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, [...], les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit".

Contre-pouvoir citoyen

Sa Suffisance trouve probablement normal de chercher à intervenir auprès des rédactions de la presse locale pour influer sur des papiers comme il l'a fait lors du Xème anniversaire de la Médiathèque. Sa Suffisance trouve probablement normal le fait que Julien Gracq ait failli passer aux oubliettes de l'histoire locale, toujours lors de l'anniversaire de la Médiathèque, sans doute pour avoir commis l'inexcusable faute de goût d'avoir été membre du PCF dans sa jeunesse durant l'entre-deux-guerres.

Jour après jour, ce qui était une galéjade est en train de devenir une tragique bouffonnerie. Semaine après semaine le municipe Belliot discrédite Pornichet, dilapide les deniers publics et bafoue l'esprit républicain.

Comment faire comprendre à des citoyens qu'un maire dégaine des caméras vidéos pour piéger de jeunes fêtards au nom de l'ordre public mais viole en tout impunité les lois de la République en lançant d'importants travaux sans respecter les procédures liées notamment à la protection de l'environnement ? Comment faire comprendre à des citoyens qu'un maire peut en toute impunité s'asseoir sur le code des marchés publics pour engager des travaux paysagers à l'hippodrome en dépassant quelques semaines plus tard l'enveloppe financière annoncée de 36% ?

Évidemment, Sa Suffisance serait bien tranquille si personne ne dénonçait le double langage permanent d'un édile dépassé et sa propension quasi maladive à dépenser à tout-va l'argent public. Pornichet n'est pas (encore ?) Levallois-Perret et Robert Belliot n'est pas encore Patrick Balkany. Il peut bien sonner le tocsin, l'esprit citoyen local résistera et ne se pliera pas aux rodomontades d'un matador de vachettes.

Dans une société atomisée, individualiste, financiarisée, dépolitisée, il est heureux que des citoyens relèvent la tête et exercent un salutaire esprit critique. Il est vital que la causticité, le mauvais esprit, la provocation demeure un mode d'expression, n'en déplaise à quelques féodaux grincheux qui embastionnés dans leur donjon de certitudes ne supportent plus les modestes contre-pouvoirs qui distribuent des coups de bélier contre la muraille de la puissance municipale.

Pornichet le Poulpe est depuis son origine un blog citoyen riche d'une diversité de contributeurs et de rédacteurs. Il a déjà fait l'objet de l'opprobre municipale mais ne dévie pas de son objectif initial, celui de "fouiller dans les failles et désordres de Pornichet, de sa mairie et de sa vie associative". N'en déplaise à Sa Suffisance, le ton du Poulpe restera irrévérencieux et provocateur, sa rubrique commentaires modérée mais pas aseptisée, ses informations fiables et ses analyses étayées. Au Poulpe, nous avons fait le serment de cesser de faire chanter le clavier... le jour où l'équipe Belliot n'offrira plus matière à nous insurger, mais nous craignons de devoir écrire longtemps, longtemps, très longtemps...


11 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo!! longue vie au poulpe et vive la liberté d'expression !!!

Dehors a dit…

Bien di(écrit).
Continuez à rester digne, le temps joue en votre faveur.
M. Bellio n'est pas à la hauteur de la fonction et la confiance que lui ont accordées les électeurs et ses co-listiers.
Si les électeurs n'ont plus le droit à la parole avant 2014, il n'en n'est pas de même pour ses infortunés compagnons de route que sont les conseillers municipaux.
Qu'attendent-ils pour ne plus lui accorder leur confiance ?

Anonyme a dit…

En lisant dans la presse locale les propos de Mr Belliot concernant les dégradations à Pornichet , je n'ai pas fait la relation avec ''le poulpe''. Il faut être particulièrement tordu et belli...queux (!!!) pour accuser le blogs ''d'incitation à la haine''et de menacer de poursuites.
Un dérapage inadmissible qui montre la nécessité d'avoir un blog comme le vôtre. Bravo !!!

Unknown a dit…

Il est évident que le Maire cherche à faire porter le chapeau au poulpe plutôt que de chercher les véritables raisons des problèmes survenus ... Je soutiens mon mollusque préféré et le soutiendrait encore et toujours tant que l'objectivité sera au rendez-vous !!! Monsieur Belliot ferait bien mieux de réfléchir aux différents commentaires faits par ses administrés plutôt que de s'attaquer à la liberté d'expression !!!! "Incitation à la haine et à la violence" n'importe quoi ! Le seul à susciter quelques rancoeurs c'est bien lui par son action désordonnée et son amateurisme chronique !!! A bon entendeur ... VIVE LE POULPE !!!!

jobertho44 a dit…

Droit de réponse ?
lu dans le magazine municipal n°55, p.n°10 sous la rubrique "paroles d'élus":
Bizarrement, ou pur hasard, les paroles des élus majoritaires répondent point par point, et meme aux mots près à celles de l'opposition.
A entendre M.belliot et son équipe, le sectarisme, le mensonge et la calomnie sont le fait de l'opposition, alors qu'eux seuls défendent des valeurs comme: la vérité, la dignité, le respect des lois de la république, pratiquent le débat démocratique, et, qui plus est, se refusent à toute exclusion, quelle qu'elle soit. Malheureusement, les faits sont tetus et prouvent le contraire.
Et,"cerise sur le gateau" la conclusion de cet article est sans appel: "avec nous le sectarisme, le mensonge et la calomnie ne passeront pas".
Après de tels discours et de telles invectives, comment ne pas réagir. Comment ne pas comprendre les réactions un peu vives pour ne pas dire polémiques de quelques blogs. HHeureusement qu'ils sont làpour apporter un peu d'air frais, et permettre au débat démocratique de s'exprimer véritablement.
Et, pourquoi pas un "droit de réponse" non pas sous forme d'invectives, mais à partir d'un vrai débat sur des éléments concrets, précis et argumentés.
Mais, dans le contexte actuel, c'est, sans doute, trop demander....Dommage

Dixi a dit…

Surtout chers blogs, dont celui du poulpe, ne vous taisez pas! vous dîtes tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Pas toujours tout bas (ouf!)et hélas pour l'image de notre ville de plus en plus à l'extérieur (même de la part des "amis" politiques de l'équipe municipale) et dans les instances administratives.Espérons que bientôt les Pornichétins se réveilleront, certes avec une petite g.....de bois !

kiki a dit…

Apparemment le Maire tout à son envie de tacler des blogs qu'il semble ne pas supporter, s'est trompé de match! Il ne semble pas avoir été attentif à certaines constances qui depuis bien des années pourtant expliquent (mais ne les excusent pas!) les différentes incivilités et dégradations qui touchent Pornichet (et toutes les villes balnéaires). Elles ont lieu essentiellement pendant les vacances ou les grands week end. Je n'en déduis pas pour autant que ce ne sont que les"étrangers" qui pratiquent ces imbécilités, des Pornichétins en sont capables aussi!
Vacances et w-e = beaucoup plus de monde à Pornichet, donc mathématiquement plus de probabilités aux accidents, tapages, incivilités, bagarres ...... Vacances et w-e= plus d'occasions de fêtes, rassemblements, virées nocturnes, donc plus de paris idiots, de gens alcoolisés, d'individus plutôt sages tout à coup désinhibés par l'effet de groupe (comme disait Brassens "dès qu'on est + de 2 on est une bande de cons").Ce n'est qu'une analyse logique à faire!!!!Si on connait un peu sa ville et les phénomènes de société....on n'accuse pas des blogs, qui n'ont jamais proné la révolution mais plutôt la réflexion (ce qui semble manquer un peu aux rédacteurs de la déclaration du Maire)! Ceux qui ont fait ces dégradations n'ont très probablement jamais entendu parler d'eux!!!
A propos des dégradations, je suis très choqué de l'importance donnée à la détérioration du panneau lumineux (ça fait "on m'a cassé mon jouet!") par rapport à celles du cimetière symboliquement bien plus violentes.

Dehors a dit…

On est en droit , nous Pornichétins de se demander si nous ne pourrions pas porter plainte contre M. Belliot....pour travail non fait. En effet le seul qui puisse déposer plainte dans cette "affaire" de panneau , c'est bien le Maire. Ne pas le faire c'est ne pas faire son devoir.

Anonyme a dit…

On parle, on parle et on parle...mais au bout d'un momment, il faut être sérieux et prendre ses responsabilités. ROBERT, fais un travail sur toi même et remets toi en question. fais confiance à tes fonctionnaires.....et sépare toi de certains élus qui te minent ton boulot, un en particulier.
change ta façon d'être et écoute plus aussi tes élus.
sois constructif!!!!!
dans très peu de temps, tu vas être totalement grillé avec les politiques, les partenaires institutionnels et les pornichétins.
SOIS HUMBLE ET APPREND DES AUTRES.

Anonyme a dit…

C'est un peu facile d'accuser la presse locale de ne faire que reprendre les communiqués. Les journaux en vente à Pornichet ne sont pas une presse militante. Mais je crois qu'elles donnent la parole à l'opposition dans les communes. Et J. Lambert était aussi présent que ne l'est Robert Belliot aujourd'hui.

Pour le reste, entièrement d'accord sur l'amalgame entre les dégradations et les blogs. Rien à voir.

Pornichet le Poulpe a dit…

Au dernier "Anonyme".
Nous nous gardons bien de considérer que la presse locale se limite à amplifier la communication municipale. Nous avons d'ailleurs mis une forme conditionnelle, qui, en bon français, a un sens.

Reste tout de même que l'on peut regretter l'absence trop fréquente de mise en perspective des communiqués municipaux et le faible nombre de lignes octroyé pour évoquer les conseils municipaux.
Nombre de journalistes locaux ou de correspondants de presse sont d'ailleurs les premiers à le regretter mais ainsi va la presse.

Certains expliqueront peut-être les difficultés de la presse régionale à conserver un lectorat par le fait que beaucoup de lecteurs potentiels recherchent sur les blogs une liberté de ton qu'un média de masse ne peut aisément avoir.