Au détour d'un énigmatique arrêté municipal, Bob la Dépense a fait fermer et a acheté la station-service Shell, située à l'entrée du centre-ville. Caprice despotique ou vision stratégique ? Une certitude, les Pornichétins paieront.
Aussi disert en Conseil municipal qu'un moine trappiste, Robert Belliot a cherché à éluder autant que faire se peut son acquisition abracadabrantesque de la station Shell. D'un naturel taquin, le Poulpe a vu dans ce vœu de silence un lourd secret que la communauté UMP de Pornichet voulait cacher dans l'opacité des caves de l'Hôtel de Ville.
Encore un mensonge !
Le 20 mai dernier, le Poulpe s'alarme de la légèreté de la réflexion qui a présidé à l'acquisition, alors partielle, de la station Shell. Le céphalopode aux aguets doute fortement que le chèque de 40.800 € vaille solde de tout compte avec le pétrolier anglo-néerlandais.
Poussé dans ses retranchements par une opposition aussi véhémente qu'effondrée par tant d'inconséquence, Bob la Dépense concède à grand peine que cette acquisition est une bonne affaire pour Pornichet. Au pire, n'hésite-t-il pas à dire, dépollution, foncier et fond de commerce multiplieront la note par 3. Si ce n'est plus tout à fait la même chose, il faut tout de même être beau joueur, un foncier de cette nature pour 120.000 €, c'est une acquisition potentiellement intéressante pour la commune. On peut toujours y croire...
Gai comme un pinson enfermé dans sa cage, Bob la Dépense évoque, lors du Conseil municipal du 18 octobre dernier, la prochaine acquisition de l'ensemble de la station-service. Comme d'habitude, il a la parole rare et personne ne parvient à lui arracher le montant de ce nouvel achat.
Il faudra attendre l'Assemblée générale de l'Office du Tourisme, un mois plus tard, pour avoir droit à quelques précisions de la bouche même de notre Phare de la Dépense publique1. Pornichet-Infos rapporte les saints propos de notre très « cher » édile : « Le rachat de la station Shell nous a coûté en tout et pour tout 310 000 € et non 1 million comme ça circule à Pornichet ! Ce qui est sûr, c’est qu’une fois le terrain nettoyé, il vaudra 1 million ! Ce prix d’achat, négocié avec Shell, comprend le terrain, la décontamination et le salaire des employés pour quelques mois ».
En voilà de l'info ! Si on comprend la pensée alambiquée de Bob la Dépense, le prix de cette bonne affaire est passé de 120.000 € en mai à 310.000 € en novembre, ce n'est déjà plus tout à fait pareil et cela ressemble à un nouveau gros mensonge.
Un peu de clarté, SVP !
Si l'on se force à croire Robert Belliot, pour cette somme, tout serait clair et net. Pourtant, il semble – comme il le fait souvent – dire tout et son contraire. D'un côté, il indique que les 310.000 € comprendraient « le terrain, la décontamination [des sols] et le salaire des employés » et de l'autre qu'une fois « le terrain nettoyé, il vaudra 1 million ». Étonnant tout de même de connaître, avant toute étude, le coût de la dépollution du site. A ce jour, aucun appel d'offre n'est paru portant sur une étude relative à l'état réel du sous-sol ou sur des travaux de dépollution. Robert Belliot serait-il devin ?
En ces temps où l'opinion découvre le mécanisme compliqué des rétro-commissions, il serait bon, pour éviter toute suspicion infondée, d'expliquer au bon peuple pourquoi Shell, dont le côté Mère Teresa avait échappé à la planète entière jusque là, aurait fait un tel cadeau au sympathique maire de Pornichet. Il serait bon aussi que notre premier magistrat, transfiguré en négociateur foncier, donne lecture, au prochain Conseil municipal, de l'acte notarié de cette acquisition aux odeurs pétrolières. Dans ce genre d'affaire immobilière, Robert Belliot ne sait que trop que la transparence ne nuit jamais, alors si tout est clair...
Si une vague de clarté s'abattait enfin sur la politique municipale, il serait aussi plaisant de connaître les finalités de cette acquisition, d'autant que plus de 300.000 € ont également été dépensés pour l'acquisition d'une maison contigüe à l'ex parcelle Shell. Les premières explications motivant ces acquisitions foncières faisaient état de la nécessité d'élargir le boulevard de Saint-Nazaire, qui va devenir ainsi le boulevard le plus large de toute la région, voilà qui est furieusement Agenda 21...
Récemment, le maire s'est plu à livrer quelques confidences à des oreilles plus ou moins intéressées. A en croire notre grand stratège, ces parcelles serviraient finalement à implanter un hôtel pour soutenir l'utilisation des salons de séminaire du futur hippodrome. C'est vrai, ce site est le plus valorisant pour Pornichet... Probablement que celui des Tourelles (d'ailleurs que fait la mairie pour que ce projet aboutisse ?) ou de la Résidence des Cheminots recèlent un moindre potentiel... Plutôt que de faire un hippodrome compact intégrant hôtel et Casino, il dissémine les pièces d'un puzzle qui devient infaisable.
Robert Belliot s'est comporté comme un vilain garnement. Il n'a de cesse de démonter le Meccano Hippocampe sans chercher à en comprendre le fonctionnement. Aujourd'hui, il reprend toutes les pièces mais n'a plus le mode d'emploi et il fait n'importe quoi aux frais du contribuable. On pourrait bien voir le Père Fouettard passer le 25 décembre prochain du côté de l'Hôtel de Ville...
1 – NDLR : merci aux censeurs municipaux de ne pas prendre cette expression pour une formule diffamatoire, il s' agit juste d'une référence implicite à l'expression « phare de la pensée » ...