Lagarde (Christine) au FMI, la Garde (républicaine) au PMU et les écuries seront bien gardées. A quelques heures d’agapes happy few voulues par le "G.O." Belliot avec l’argent des contribuables, il est temps, sous la forme de questions/réponses, de faire le point sur ce brumeux dossier d’hippodrome.
L’hippodrome était obsolète, il fallait bien en faire un nouveau ?
Oui l’hippodrome (pistes, tribunes, éclairage) était à bout de souffle. Le débat sous les mandats Lambert était de savoir tout d’abord si cet équipement devait perdurer et dans l'affirmative qui devait le payer. La réflexion a abouti parallèlement au projet Hippocampe : oui à un hippodrome intégré à un espace de loisirs, oui à un hippodrome payé pour l’essentiel par le monde des courses et par des partenaires privés, oui à un hippodrome générateur de tourisme dit réceptif, oui à un hippodrome améliorant l’urbanisme très pauvre des entrées de Pornichet.
En fait Belliot a fait du Lambert ?
C’est peut-être ce qu’il veut faire croire mais c’est faux, démonstration en 3 points :
- – Dans le projet Lambert, le monde des courses payait les pistes et les boxes, le casinotier Partouche finançait à travers un bail emphytéotique(1) les tribunes / salles de réception, y installait un hôtel et son casino de nouvelle génération, la ville (et donc les contribuables) se contentait de finaliser les travaux hydrauliques et de financer une refonte du boulevard de Saint-Nazaire dans un esprit beaucoup moins routier. Avec les subventions promises par les partenaires publics, le coût pour le contribuable pornichétin n’aurait pas dépassé les 2 millions d’euros contre une vingtaine pour le projet Belliot. Une différence fondamentale qui aurait éviter que les générations futures paient pour les errements de la gestion Belliot.
- – L’hippodrome devait devenir un centre de loisirs sportifs en accueillant au cœur des pistes un golf compact urbain, un concept de golf 9 trous très en vogue dans les villes pour populariser ce sport auprès des jeunes et d’un nouveau public de joueurs. La fédération française de golf était partie prenante du projet, un gestionnaire local et réputé avait déposé un business plan et un projet d’aménagement, bref tout était prêt sans un centime d’argent public. A la place, on va avoir droit à un jardin des eaux saumâtres pour 5 M€ à la charge du contribuable, sans parler des frais de fonctionnement.
- – Pour permettre son intégration à la ville, l’hippodrome devait être orienté dans l’autre sens, les tribunes et donc le poteau d’arrivée côté centre-ville et non côté Ermur. Belliot a intégralement repris le projet rédigé en 2004/05, au point de recruter comme assistant à la maîtrise d’ouvrage la société France Cheval Services qui avait techniquement finalisé le dossier à l’époque. Sauf qu’au fil des réflexions tant avec des urbanistes, des paysagistes que les instances nationales des courses ou le Groupe Partouche, il était apparu pertinent de structurer une perspective depuis le boulevard de la République (place du Marché) qui aurait abouti sur une vaste allée composée d’un côté d’un hôtel et de l’autre de l’ensemble casino-tribunes- parking souterrain (cf. photo). Cela aurait magistralement ponctué l’axe majeur de Pornichet et évité d’avoir un « cul » de tribune sous cellophane qui tourne le dos à la ville et impacte terriblement le fonctionnement futur du boulevard de Saint-Nazaire. Cela aurait limité l'impact disgracieux de la forêt de pilones électriques et évité l'hideuse passerelle annoncée avec le possible hôtel de l’ex station Shell.
En fait, cet hippodrome ne coûte pas si cher ?
17 M€, c’est le coût annoncé pour l’hippodrome, les surcoûts pour les pompes hydrauliques spéciales hippodrome, les travaux de voirie, les parkings, les écuries, les tribunes, le parc paysager... C’est une somme énorme pour Pornichet, cela correspond à 6 ou 7 ans de capacité d’investissement hors emprunt de la commune. C’est 4 fois Quai des Arts pour 10 fois moins de jours d’ouverture. C’est une gabegie scandaleuse quand on voit les besoins de salles pour les sportifs ou les autres associations.
Cet hippodrome va générer des taxes pour le budget communal, c’est donc tout « bénef » ?
Erreur, contrairement au casino, il n’y a pas de taxes sur les jeux pour les courses hippiques. Même si les courses de Pornichet devenaient l’égal d’Ascot ou de Belmont Park, c’est le PMU qui va en profiter pas les Pornichétins. Dans cette affaire, Belliot et ses copains font payer aux Pornichétins le train de vie des écuries de pauvres palefreniers comme l’Aga Kahn, Edouard de Rothschild, Al Maktoun, Lagardère… En plus avec la dématérialisation croissante, le PMU n’a aucun intérêt particulier à voir du monde dans l’hippodrome de Pornichet, il lui suffit de bénéficier gratuitement d’une belle infrastructure pour organiser ses courses et en tirer profit pour lui seul. Pour le PMU, le bar PMU de Sainte-Marguerite est plus important que l’hippodrome de Pornichet.
Finalement, l’inauguration ne va pas coûter cher ?
Sauf pour les contribuables pornichétins las de payer n'importe quelle lubie du maire. En Conseil municipal, titillé par son opposition, le maire a indiqué que l’inauguration coûterait à la commune 180.000 €. Il a laborieusement expliqué que des entreprises avaient aimablement apporté leur soutien financier. Notons la présence chez ces intéressés financeurs du pétrolier négligeant Total, du reconnaissant Airbus, du détenteur de marchés publics Saur, de sociétés ayant bénéficié de marchés sur cette opération ou sur d’autres (Lang, SBTP, Charier TP…). Singulier mélange des genres n’est-il pas ?
A ces dépenses directes, il serait intéressant d’ajouter et donc de connaître le coût des centaines d’heures de personnel municipal mobilisé pour cette affaire, les pertes de chiffres d’affaires des commerçants du marché inaccessible ce samedi, les frais de bouche, les frais d’imprimerie et de promotion. Bref, il serait bien d’avoir le coût réel, analytique comme aime à répéter le secrétaire de mairie dans ses logorrhées budgétaires, et nul doute que les 500.000 € évoqués de-ci de-là seront presque atteints.
Le spectacle va être formidable, alors pourquoi bouder son plaisir ?
Que les passionnés d’équitation et de cavalerie en profitent. La Garde républicaine qui sort des palais de l’Etat, c’est sûrement un spectacle intéressant, du moins si elle peut se produire sur les pistes de l’hippodrome. Il est en effet drolatique de lire dans la nouvelle Pravda locale, Ouest-France, à la dernière page d’un cahier spécial de 16 pages que « le régiment de Cavalerie de la Garde républicaine devait exécuter un carrousel des lances. Celui-ci a été annulé pour ne pas abîmer les pistes ». Si un spectacle équestre "abîme" le joujou belliotiste, on peut craindre le pire avec des chevaux de course. 17 M€ pour jouer aux petits chevaux, cela ferait trop, beaucoup trop cher…
(1) bail immobilier de longue durée conférant un droit réel au locataire lui donnant la charge d'améliorer le bien durant son bail avant de le restituer au propriétaire.