vendredi 18 décembre 2009

Big brother is watching you

C'était une journée de décembre froide et claire. Les horloges sonnaient treize heures. Comment débuter autrement un article sur la vidéosurveillance sans paraphraser les premières lignes du roman 1984 de George Orwell. Belliot le liberticide vient de faire montre une fois de plus de son populisme dépensier en installant à Pornichet le joujou de ses rêves : la vidéosurveillance.

Annoncée en mars dernier, le télécran scrute depuis ce milieu de semaine, le cœur du Pornichet festif. Dans la novlangue municipale, on ne parle pas de vidéosurveillance mais de vidéoprotection. Elle est présentée comme un "outil de protection et de sécurité pour lutter contre les incivilités, l'insécurité et la délinquance sur la voie publique". Mais, notre Big Brother des beaux quartiers doute à ce point de l'efficacité de son cadeau de Noël sécuritaire qu'il précise que ce système ne permet que "de limiter les passages à l'acte".

Liberticide et inefficace

N'en déplaise à Belliot super flic, la vidéosurveillance n'a jamais fait la preuve réelle de son efficacité. Même le paradis de la caméra attitude, la Grande Bretagne, doute de cet outil. Un responsable de la vénérable Scotland Yard expliquait en mai 2008 que la vidéosurveillance était "un véritable fiasco". Pire pour l'ultra-droitier Belliot, le peu gauchiste Figaro écrivait dans son édition du 23 mars 2009 que la vidéosurveillance "faisait reculer la délinquance uniquement si elle était combinée avec des actions traditionnelles de police". Seul problème, la police de proximité a disparu avec le passage de Napo-Sarko au Ministère de l'Intérieur et ce n'est pas un bon café chaud qui attirera les policiers dans le placard sécuritaire ouvert à la Gare.

En fait, pour Robert Belliot, peu importe l'efficacité et le coût de ce dispositif. Toute à sa démagogie irresponsable, il explique que ce dispositif répond à "la demande des riverains et des commerçants et permet de rassurer les habitants du quartier". Que ne ferait pas le premier édile de Pornichet pour faire plaisir à son électorat sirotant sa verveine devant le 13 heures de TF1 et au promoteur Giboire qui peine à écouler ses programmes immobiliers et leurs tarifs stratosphériques dans le quartier de la gare !

Évidemment, le Navarro de l'Hôtel de Ville surfe sur les sondages d'opinion qui plébiscitent la vidéosurveillance (71% des Français y seraient favorables d'après un sondage Ipsos pour la Cnil en mars 2008). Pour lui, cet objet de contrôle social n'est qu'un élément du paysage urbain comme un autre. Pornichet, son classement 4 fleurs, ses lampadaires, ses panneaux directionnels, ses écrans vidéo XXL et ses caméras de surveillance... Cela donne envie !

Il est tout de même incroyable que dans notre civilisation qui fait de la liberté une valeur cardinale, le plus grand nombre reste indifférent à vivre dans une télé-réalité permanente. C'est vrai que c'est sympa d'aller tirer de l'argent à la BNP, d'acheter ses croissants chez Chatelier ou son Figaro magazine sous l'œil inquisiteur de policiers baulois s'amusant du dernier Ralf Lauren du parisien en week-end, des bourelets disgracieux de la ménagère pornichétine de moins de 50 ans ou de la présence d'une nouvelle jolie blonde au bras d'un sémillant quinquagénaire peu discret.

Que sont les baby-boomers devenus ?

Le brillant philosophe Jacques Ellul évoque "la religiosité de la technique" pour expliquer cet engouement liberticide pour la vidéosurveillance. Cette nouvelle croyance dans le Dieu Focus n'est-elle pas l'expression des insuffisances d'une société vieillissante qui promeut le droit à la tranquillité plutôt que le droit à l'égalité ?

Ce n'est pas ici que nous défendrons les agissements de quelques petits cons qui à eux seuls parviennent à stigmatiser toute la jeunesse qui aime à se retrouver dans le quartier de la Gare. Par contre, il nous semble utile de mettre en perspective les excès généralement éthyliques d'une jeunesse privée de perspectives.

Dans une société où l'Etat sarkozyste injecte deux fois plus d'argent pour financer la défiscalisation du patrimoine des plus riches que pour construire des logements sociaux, où le coût des études explose sans plus garantir un emploi dans la vie active, où la fiscalité pèse plus sur les jeunes couples actifs que sur les retraités aisés, où l'accès au logement devient une chimère pour le plus grand nombre et où « l'autre » menacerait l'identité nationale d'un pays de plus en plus recroquevillé, comment s'étonner qu'une jeunesse sans avenir dépasse parfois les bornes ?

Dans une forme d'amnésie collective, les excès de la jeunesse, que toutes les générations occidentales vivant en temps de paix ont eu le plaisir de pratiquer, deviendraient pêché mortel. Oublié les bals populaires alcoolisés des années 50, les concerts no limit des années 60, les happenings contestataires et enfumés des années 70 ou la frénésie gin-vodka dans les discothèques des années 80.

S'enivrer au Margaux 1er cru avant de rentrer à la maison dans son 4x4 rutilant n'est-il pas aussi blâmable que de se binge drinker à la bière ou à la vodka-caramel ? Notre société vieillissante et individualiste ne supporte plus de voir dans le miroir de l'extraordinaire augmentation de son niveau de vie la face hideuse du modèle de civilisation qu'elle a enfanté : consumériste, matérialiste, individualiste et destructrice de la planète.


Dans 1984, le monde moderne technomaniaque engendrait la négation de l'amour et de la sensualité en prospérant sur une novlangue appauvrissant le langage pour hébéter le peuple et mieux le contrôler. "L'ignorance, c'est la force" scandait la Police de la Pensée. A Pornichet, comme en écho, l'ignorance et l'incompréhension des phénomènes sociaux semble tenir lieu de viatique politique mais espérons qu'une majorité de citoyens saura comme Winston, le héros d'Orwell, crier que "la liberté, c'est la liberté de dire que deux plus deux font quatre", n'en déplaise à Big Brother Belliot.

11 commentaires:

Anonyme a dit…

joli l'article, il developpe ce que je pensais dans l'article précédent.
Il faudrait expliquer à robert qu'avec ses caméras, il lutte contre le climat d'insécurité ce qui est bon en terme d'électorat mais qu'il ne lutte pas contre l'insécurité elle même.
enfin bon, si les anciens de la gare se sentent protégés, tant mieux pour eux. en terme d'efficacité, c'est zéro.
maintenant, je vous prend en témoin qu'il se ventera que la délinquance aura baissé (même si c'est faux) grâce à son joujou.
je ne sais pas si c'était un bon DRH mais en tout cas, comme vendeur, il est extra. il vend du vent très cher et il y a plein de cons pour y croire et acheter.
trop fort.

Marc-OH a dit…

Faut arrêter de dire que tout ce qui ne vous plait pas, c'est mal. Vous avez des choses à vous reprocher ? Non ? Alors qu'est-ce que ça peut vous faire d'être filmé !!

Faut arrêter de créer des problèmes là où il n'y en a pas !

Marc-OH a dit…

(D'ailleurs en modérant les commentaires avant leur publication vous bafouez la liberté - d'expression, ici - que vous prétendez défendre !)

doudoubidou a dit…

Les caméras se surveillance ne sont pas LA solution mais une des solutions au besoin d'identification et de sanctions de délinquants.

Moi qui n'ai rien à me reprocher celà ne me gêne pas!

Par ailleurs il est faux de dire que Londres fait marche arrière. Les derniers auteurs de kidnappings et actes de terrorisme ont été identifié grâce à ces caméras.
C'est en UK que ce mode de prévention est le plus répandu (pays socialiste)

Anonyme a dit…

jusqu'à présent j'étais assez d'accord avec le poulpe mais là ça devient un peu démago et carrément trop politicard,il faut bien admettre que lors d'élections municipales les électeurs votent plus pour un programme que pour une personne,je me suis trompé et suis le premier à le reconnaitre mais cessez de venir mêler Sarko et les affaires de la France aux affaires de Pornichet .

Xmas a dit…

A doudoudbidou

La vidéo a été introduite en Angleterre pour contrer les attentats de l' IRA. C'était donc une situation de guerre. Que je sache Pornichet est en France , et la France n'est pas en guerre.

A Marc-Ho:
(Le Ho , c'est pour Hôchimin?)

La modération , c'est le juste équilibre entre excès et abstinence, qui l'un et l'autre conduisent souvent à la colère, qui est comme chacun sait mauvaise conseillère.
Et votre phrase qui concerne la création de problèmes, j'espère qu'elle ne préfigure pas des conséquences qui pourraient advenir avec la pose de ces caméras, avouez que votre lapsus (involontaire) serait du plus bel effet.

Au delà de ces chicaneries, et à l'anonyme du 19 de 16:42.
Je ne sais plus qui a dit que si tu ne t'intéresses pas à la politique, la politique s'interessera à toi. Et du fait du cumul des mandats et autres interventions via les partis , même et surtout sur Pornichet on fait tous de la politque. A commencer par M. Belliot, qui s'invite comme gourou auprès de l' UMP Nazairien. Et le grand Manitou de l' UMP c'est bien Napo-Sarko himself.
Mais en ces temps de trêve des confiseurs, ne manquons pas une occasion de se marrer franchement:

http://www.dailymotion.com/video/xbfr94_le-lip-dub-des-jeunes-de-lump-pirat_news

Anonyme a dit…

Ce qui me surprend dans le cas de ce panneau d'entrée de ville, c'est qu'il n'y a pas le panneau habituel définissant la réglementation sur le stationnement alterné unilatéral (1 au 15 - 16 au 31).
Chaque Pornichétin peut constater chaque jour, qu'à Pornichet l'anarchie et le laxisme existent depuis fort longtemps (ère Lambert et maintenant encore) en ce qui concerne le stationnement et la circulation. Sur de nombreuses voies, les voitures stationnent des 2 côtés sur le trottoir, ce qui rend ceux-ci impraticables aux piétons (mode de déplacement doux et non polluant par excellence).
En fait, il n'y a aucune volonté de la part de nos élus (quels qu'ils soient) de faire respecter les réglementations en vigueur (la Police municipale a d'ailleurs des consignes en ce sens).

>> Alors, caméras ou pas, sans volonté de faire respecter les règles et les devoirs de nos concitoyens, tout ce débat du microcosme politico-pornichétin ne sert à rien. Seulement de l'encre de Poulpe.
D'ailleurs, si vous regardez les horaires d'ouverture du nouveau poste de police de la gare, vous aurez la confirmation que l'on ne veut surtout rien faire !!
Allons Le Poulpe, ce n'est pas "Big Brother", c'est "Little Doggie".
Signé : 007jmp

Xmas a dit…

Sur le site de la mairie , il est dit :
"Seul un Officier de Police Judiciaire peut regarder les images pour identifier ensuite les auteurs, dans le cadre d'une enquête.
Il faut également noter que les personnes désirant faire un droit de recours peuvent contacter le service Prévention-Sécurité situé à l’Hôtel de Ville.
Contact : 02 40 11 55 55"

Pouvez-vous nous confirmer qui sont à la mairie ceux considérés comme OPJ ?
Et quel est ce recours dont parle le communiqué? Pouvons nous par exemple exiger que soient effacées les images sur lesquelles nous pouvons figurer et qui n'apportent aucun élément dans le cadre d'une enquête en cours ?
Ce serait amusant qu'on téléphone tous les jours et à chaque fois qu'on passe devant les caméras.
Au fait ou sont-elles ?

Anonyme a dit…

Le Poulpe

La caricature du Parisien en polo Ralf Lauren et qui lit le Figaro c’est limite délit de faciès
Moi par ex. je suis smicard à Casino, il m’arrive de porter des polos RL. Et de lire le Fig Mag
Ce qui ne m’empêche pas de voter Besancenot. Voilà faut pas généraliser.

XMas a dit…

A l' Anonyme du 22/12 7.39

Coup de bol vous n'êtes pas Parisien !

Marc-OH a dit…

Vous avez des choses à vous reprocher ? Elle est simple pourtant la question !