Inutile d'aller à Prague chaussé de pneus neige pour constater le train de vie de la noblesse de cour, les réflexes du Roi Soleil local suffisent à mesurer l'inquiétante dérive à l'œuvre à Pornichet.
Ma voiture
A Pornichet, l'histoire des voitures de mairie est peuplée de procès en sorcellerie, de fantasmes souvent, de regrettables réalités parfois. Dans un temps aujourd'hui fort éloigné, le maire RPR Jean-Claude Empereur faisait un usage modéré de la Safrane municipale, même s'il ne dédaignait pas se faire conduire par un policier municipal.
Ensuite, le socialiste Jacques Lambert a conservé cette voiture de fonction qui dépassait allègrement les 100.000 km avant de se décider à utiliser sa voiture personnelle y compris pour les déplacements liés à son mandat.
Avec le retraité Robert Belliot, l'époque change, et le parc automobile municipal s'enrichit d'une jolie berline rutilante joyeusement émettrice de belles quantités de carbone. Il faut croire que Robert Belliot a de grands déplacements à faire, et avec de nombreux collaborateurs, pour s'afficher dans un tel véhicule. Il faut dire qu'entre ses velléités électorales à Saint-Nazaire et son annonce à peine voilée de vouloir faire campagne à La Baule pour devenir conseiller général, il fait l'essuie-glace autour de Pornichet au frais du contribuable.
Magnanime, Sa Sérénissime aime satisfaire les besoins de sa cour. Son mentor et directeur général des Services a ainsi eu droit, après sa confortable résidence de fonction bauloise, à une voiture toute neuve, adaptée au standing du personnage.
Mon parking
Depuis plusieurs mois le rapport pathologique de notre Grand Maire avec les parkings a été dénoncé ici et ailleurs. Voilà que la saga s'enrichit d'un nouvel épisode à l'occasion de la fin des travaux du parvis de l'Hôtel de Ville.
Sous la plume peu sibylline (27 lignes) du directeur général des services, qui ne doit avoir rien de mieux à faire, les fonctionnaires municipaux ont reçu l'ordre de stationner leurs véhicules personnels loin des fenêtres de l'Hôtel de Ville. Tout honte bue, il est explicitement indiqué que « 3 emplacements seront réservés pour Monsieur le Maire, le directeur général et le directeur de cabinet », ce qui a le mérite de montrer où se trouve le pouvoir dans la commune.
Un peu plus loin, il est mentionné que « 3 emplacements réservés pour les élus seront également identifiés ». Cette confiscation à des fins personnelles du domaine public (ou peut-être dorénavant privé ?) de la commune a un désagréable odeur d'Ancien Régime.
Ensuite, laborieusement, il est expliqué les modalités d'usage par les fonctionnaires et les administrés des parkings situés en contrebas de l'Hôtel de Ville. Le ton ne s'embarrasse pas du fait que ces places sont constitutives du domaine public et qu'à ce titre tout un chacun à le droit d'y stationner son véhicule.
A l'aise en son palais, l'homme-lige de Robert Belliot conclut sa note en indiquant que les fonctionnaires et administrés devront « bien vouloir se répartir dans les rues (sic) des Evins (re-sic), Bertoye et Porson ». Notons que ce fin lettré ne connaît toujours pas Pornichet puisqu'il parle de rues (il n'y en a qu'une à Pornichet) et non d'avenues et que les Evens s'écriraient dorénavant comme le nom d'un ancien député nazairien. Quel talent !
A la mairie de Pornichet, Agenda 21 ou pas, on ne s'embarrasse pas d'un Plan de Déplacement Entreprise pour aider fonctionnaires, élus et citoyens à se déplacer autrement qu'avec la si chère voiture. Par contre, on aura probablement droit à une jolie inauguration de ce parking relooké car à Pornichet l'inauguration des chrysanthèmes doit aider à conserver la 4ème fleur... Sympa Robert d'inviter les Pornichétins à financer cette petite sauterie pour honorer le fait que le Roi et sa cour se réservent les places au plus près des marches du palais. Gueux et manants, eux, devront s'adapter. A Pornichet la devise semble à présent être : « selon que vous serez puissant ou misérable...»